Mots-clés : Beauvechain: projet Equilis
Demande de permis d’urbanisme pour un nouveau supermarché chaussée de Louvain à Hamme-Mille
Par la présente, Action Environnement Beauvechain asbl tient à exprimer sa position sur le projet susmentionné.
CONSIDERATIONS GENERALES
Tout récemment, le 3 décembre 2008, une réunion d’information préalable à l’étude d’incidences d’un vaste projet immobilier, commercial et routier à Hamme-Mille fut organisée par la société Equilis (groupe Metsdagh).
Notre association, Action Environnement Beauvechain asbl, vous a envoyé ses suggestions à cette occasion.
Or, nous avons appris par nos membres - le site web de la Commune de Beauvechain étant malencontreusement devenu inaccessible- la tenue d’une enquête publique sur la construction d’un nouveau supermarché à Hamme-Mille faisant partie intégrante du projet, l’enquête se terminant le 19 janvier 2009.
Nous reconnaissons que la réunion d’information nous a permis de placer cette demande dans son contexte, mais nous aurions souhaité que la société Ascencio SCA - liée par son actionnariat à la société Equilis comme le montre le diagramme ci-joint- n’introduise en toute logique sa demande de permis d’urbanisme pour la construction de cette nouvelle surface commerciale qu’après l’étude d’incidences portant sur la globalité du projet.
Ce nouveau Champion (2650m²) construit en retrait de l’actuel est en réalité l’élément déclencheur du projet global de développement de Hamme-Mille, entraînant la démolition de l’ancien Champion remplacé par de nouvelles surfaces commerciales (2000m² + 1760m²), la nécessité de construire un, puis deux nouveaux ronds-points ainsi qu’une voirie complémentaire avec commerces (2600m²) et nouveau lotissement à l’appui du côté Est de la chaussée de Louvain…
De surcroît, cette demande de permis d’urbanisme porte sur une superficie commerciale de vente au détail de 2650m² et relève par conséquent de la catégorie 52.10.02 ([1]) de l’annexe de l’Arrêté du Gouvernement wallon arrêtant la liste des projets soumis à étude d'incidences et des installations et activités classées (M.B. 21.09.2002 - err. 04.10.2002).
Il s’agit d’un établissement de classe 1 requérant une Etude d’incidences sur l’environnement.
Notre association considère et demande, par conséquent, que cette demande de permis d’urbanisme soit considérée comme nulle et non avenue et ne soit déposée qu’accompagnée de sa propre étude d’incidences et seulement après avoir intégré les résultats de l’étude d’incidences du projet global.
Quoiqu’il en soit concernant notre demande ci-dessus, nous répondons cependant à l’enquête en cours.
NATURE
Si nous reconnaissons la vocation plus commerciale de Hamme-Mille et ne nous opposons pas aux petits commerces prévus par ailleurs, nous pensons qu’il est de la responsabilité des autorités publiques de préserver la biodiversité partout où c’est possible concrétisant ainsi au niveau local les grandes déclarations politiques européennes, nationales et régionales face à la situation catastrophique en matière de perte de biodiversité. Cette démarche ne rendrait d’ailleurs que plus crédible la relance en cours du Plan Communal de Développement de la Nature.
Situé en fond de vallée humide, à côté d’une zone de grand intérêt biologique et le long de la Néthen (ou plus exactement de son canal de dérivation), le projet prévoit « la mise à blanc de la surface boisée » qui fait office de tampon entre le parking actuel et les habitations proches de la rue du Pré de Litrange et de la rue des Claines. Il prévoit également « le remblayage de cette zone pour l’assiette du bâtiment et pour la remise à niveau du parking ».
Les zones humides sont cependant ce que la commune a à offrir de plus précieux en matière de biodiversité. Pour citer le Schéma de Structure de Beauvechain (chapitre 3.3.1.2.a) : « Ces milieux humides se raréfient non seulement sur la commune mais également dans la région, c’est pourquoi leur conservation est primordiale. »
Nous suggérons donc de ne pas toucher à la zone boisée et de reconstruire le Champion sur son emplacement actuel en l’agrandissant éventuellement, afin de préserver l’espace boisé qui constitue de surcroît une zone inondable.
Cette solution –démolition et reconstruction au même endroit- serait plus respectueuse de l’environnement et n’est techniquement et économiquement pas impossible comme l’ont démontré récemment les réaménagements du Colruyt et du Delhaize à Wavre ainsi que du Lidl à d’Hamme-Mille. La demande de démolition de l’actuel Champion aurait dû précéder ou se faire en même temps que cette demande-ci.
INONDATIONS
L’énorme bloc (50mètres sur 60mètres) que constitue la nouvelle construction serait surélevé d’1m75 par rapport au niveau actuel de la berge du canal d’amenée au bassin d’orage. Ces remblais et l’imperméabilisation du sol dû à la construction et aux parkings entraîneraient, en cas de crues, des inondations par débordement vers la rue du Pré de Litrange dont les habitations en contrebas sont toutes proches. La partie derrière l’actuelle butte du tram est une zone inondable et devrait le rester : tout remblai ou construction devrait y être interdit. Déjà le parking du Lidl constitue une vaste superficie imperméable![2] Toutes les eaux pluviales se déversant directement dans la Néthen, on peut craindre le pire…
Il est à souligner que la zone se situe en « territoire susceptible d'être soumis à des inondations par débordement de cours d’eau » d’après la carte d’aléa d’inondation par débordement de cours d’eau approuvée par le gouvernement wallon le 13 juillet 2006.
UN VILLAGE A ECHELLE HUMAINE
Le nouveau Champion, à l’instar du projet Equilis[3] dont il est l’élément déclencheur, nous semble complètement démesuré par rapport au contexte de Hamme-Mille et de la région à vocation rurale dans laquelle il s’inscrit. On est ainsi en train de vouloir faire de Hamme-Mille un pôle d’attraction gigantesque dépassant de loin les besoins de la région et aggravant ainsi le risque de suburbanisation[4].
Cette multiplication des grandes surfaces commerciales induira une augmentation du trafic dans Hamme-Mille et une augmentation des nuisances, notamment sonores, pour les riverains. Les semi-remorques déchargeront leurs marchandises en dehors des heures d’ouverture, les magasins sont ouverts le dimanche,…
Nous ne nions pas la nécessité de rénover le Champion actuel en l’agrandissant, mais la gigantesque nouvelle grande surface faisant l’objet de la présente demande est disproportionnée et en contradiction avec l’esprit de l’article 1 du CWATUP qui promeut une utilisation parcimonieuse du sol.
Il nous semble exagéré et inutile de vouloir faire de Hamme-Mille un méga centre commercial, alors qu’un rapido-bus nous amène directement à l’Esplanade de Louvain-la-Neuve…
URBANISME -ARCHITECTURE
Notre association est particulièrement heurtée par le fait que cette demande de permis d’urbanisme fait fi des dispositions du Règlement communal d’urbanisme, alors que celles-ci firent l’objet de réflexions et concertations approfondies et furent justement assouplies pour l’aire « semi-urbaine » de Hamme-Mille.
Ainsi, nous vous rappelons, que le Règlement Communal d’Urbanisme de Beauvechain (R.C.U.) précise qu’en aire de bâti semi-urbain, pour la sous-aire de moyenne surface commerciale :
- L'implantation des volumes et l'aménagement de leurs abords respecteront le relief naturel du sol
- Le recul par rapport à la voirie ne peut dépasser 10 mètres
- les constructions principales ont une toiture à deux versants de même inclinaison et à faîtage central ;
- les toitures plates ne seront autorisées qu’en volume secondaire
- la profondeur des constructions principales n’excède pas 15 m afin d’éviter les volumes de toiture trop importants
- Les baies présenteront une dominante verticale
- Le matériau principal de parement sera :
- Le grès ou le calcaire
- La brique de teinte rouge-brun
- L’enduit de teinte pastel ou neutre
- Végétation indigène obligatoire avec au minimum 1/3 de végétation à feuilles non caduques
- Les zones d’isolement seront aménagées et gérées en tenant compte de leur intérêt écologique
- Les zones d’isolement seront aménagées en zones vertes denses (couloirs écologiques) de végétation indigène
- L’abattage d’arbre dans le but de dégager un ou plusieurs emplacements de parcage pour véhicule est interdit.
Force est de constater que ce projet est en totale contradiction avec la grande majorité des points cités ci-dessus.
Il n’est dès lors pas étonnant que cette construction hors norme soit si peu harmonieuse et même carrément inesthétique!
QUELQUES AUTRES INEXACTITUDES RELEVEES DANS LE DOSSIER
Mis à part l’absence d’étude d’incidences liée au fait qu’il s’agit d’une classe 1, et l’absence de prise en compte des résultats de l’EIE du projet Equilis, nous relevons que:
· La demande précise que le projet est situé dans une zone de terres alluviales le long de la Néthen, alors que, s’il s’agit bien des terres alluviales de la Néthen, le projet longe le canal d’amenée vers le bassin d’orage.
· Dans la Note concernant la nature et la végétation à défricher, le demandeur précise qu’un écran de verdure sera replanté à l’arrière. Or, il est interdit de planter sur ou de remblayer la zone de servitude du nouveau collecteur qui se trouve à l’arrière du bâtiment prévu.
· Dans la note de l’IBW, il est fait mention de la construction d’une nouvelle voirie d’accès depuis la chaussée de Louvain vers la grande surface dont on ne trouve pas de trace sur les plans ou ailleurs.
· Dans la note de l’IBW, il est dit que le projet est le long de la Néthen, alors qu’il longe le canal d’amenée vers le bassin d’orage.
Ces erreurs démontrent par elles mêmes la nécessité d’un étude d’incidence imposée, nous le rappelons, par l’Ar. G. w. précité.
En conclusion, nous considérons que la société Ascencio SCA (groupe Mestdagh) doit renvoyer une demande complète avec étude d’incidences intrinsèque, tenant compte en outre des résultats de l’étude d’incidence sur le projet Equilis et que la procédure d’enquête publique doit être reportée.
La société Ascencio SCA, comme tout le monde, doit se conformer aux règlements en vigueur et, conformément au Règlement Communal d’Urbanisme (R.C.U.) de Beauvechain et au Schéma de Structure de Beauvechain, il faut donc:
- Que le Champion reste à son emplacement actuel ;
- Sauvegarder la zone boisée qui joue un rôle tampon non négligeable vis-à-vis des habitations de la rue du Pré de Litrange et des Claines ;
- Que toutes les autres prescriptions urbanistiques inscrites dans le R.C.U soient rencontrées lors de la reconstruction.
Tout ceci permettra de rendre l’ensemble du projet plus en harmonie avec l’échelle humaine du village de Hamme-Mille et de la commune de Beauvechain.
Vous remerciant d’avance de la bonne suite que vous donnerez à la présente, nous vous prions de croire, Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les Echevins, à nos salutations distinguées,
Eric Wyns, administrateur Christine Paillet-Moulaert, Présidente
52.10.02 Magasin pour la vente au détail dont les locaux de vente et les locaux attenants à ceux-ci et servant de dépôt de marchandises ont une surface totale supérieure à 2 500 m², y compris la surface occupée par les comptoirs et autres meubles
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[2] Nous profitons de l’occasion pour réitérer notre demande d’un parking commun aux deux grandes surfaces.
[3] pas moins de deux blocs de surfaces commerciales supplémentaires, en plus d’un Champion considérablement agrandi ; et non seulement des immeubles à appartements, mais aussi un nouveau lotissement résidentiel (s’ajoutant à celui du Chabut, en projet),ronds-points et nouvelles voiries…
[4]c'est-à-dire l'extension des périphéries résidentielles provoquant l'effilochement d'un milieu urbain dénaturé au sein du milieu rural qui perd ainsi à son tour son identité (PLAN D'ENVIRONNEMENT POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE).
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